Pour l’agroécologie paysanne

Auteurs

Constat

L’industrialisation de l’agriculture n’a atteint son objectif d’augmentation massive des récoltes qu’au prix d’une détérioration de la qualité nutritionnelle des aliments et d’une pression accrue sur les ressources naturelles (énergies, eau, sols).

Il en résulte une forte augmentation de la consommation d’énergies fossiles, un recours massif aux pesticides chimiques et la diminution équivalente du nombre d’actifs agricoles, l’uniformisation des paysages et des produits, l’érosion de la biodiversité et des connaissances associées. Les engrais azotés de synthèse, coûteux en énergies fossiles et très émetteurs de gaz à effet de serre, ont remplacé les cultures végétales riches en protéines qui fertilisent les sols par la voie biologique. Le pastoralisme, qui entretient les terres non cultivables et permet un transfert de fertilité vers les cultures, a été remplacé par des élevages hors sol polluants et dépendants du soja transgénique en provenance des Amériques.

Ce modèle industriel n’est pas durable, ni écologiquement, ni socialement, ni économiquement.

Cap à prendre

L’agriculture doit, pour assurer la sécurité alimentaire, s’appuyer sur la biodiversité et l’amélioration de la capacité biologique des territoires. Les bonnes pratiques d’agroécologie paysanne existent. Elles substituent aux intrants manufacturés de la compétence et impliquent une population agricole nombreuse. Elles reposent sur la diversité et la complémentarité des productions au sein d’un territoire par l’association de plantes, entre productions animales et végétales ou grâce à l’agroforesterie.

L’objectif est un triplement en dix ans des actifs agricoles. Un plan protéines appuiera la culture de légumineuses dans nos assolements pour les alimentations humaine et animale. Les éléments de biodiversité (animaux, végétaux, micro-organismes du sol, écosystèmes, climats) seront considérés comme des partenaires et non comme des ressources privatisables. L’accès à ces éléments sera conditionné au respect de leur intégrité, de leur renouvellement et des droits collectifs d’usage des communautés rurales qui les gèrent et les conservent.

Actions immédiates

A  –  Une politique publique de maîtrise des volumes et de régulation des marchés protégera l’écoulement local des productions et le revenu du travail paysan

par la rémunération des services environnementaux et de la qualité biologique des productions. Les subventions aux productions destinées aux exportations, qui ruinent les paysans des pays pauvres, seront supprimées.

B  –  Chaque territoire élaborera un plan “Paysages de l’après-pétrole” (plan PAP)

basé sur la protection et la valorisation des ressources locales en fonction des besoins des populations. Les résidus de récolte seront recyclés et l’élevage sera redéployé vers les terres pastorales, sans dépasser les capacités de chaque territoire à nourrir les animaux qui y sont élevés et à valoriser leurs déjections par un transfert local de fertilité vers les terres cultivées. L’élevage industriel sera supprimé, et des ceintures agroécologiques périurbaines seront créées, dédiées à un approvisionnement de proximité et de qualité.

C  –  Des formations auprès d’agriculteurs en agroécologie paysanne, un accès facilité au microcrédit et une politique foncière (taxe à 100 % des plus-values foncières) pilotée par les collectivités locales permettront des installations massives hors du cadre familial.

D  –  La gestion de la biodiversité s’appuiera sur :

  • la reconnaissance des sélections paysannes de semences, d’animaux d’élevage et de micro-organismes associés aux préparations naturelles (tel, par exemple, le purin d’orties) ;

  • la suppression de toute forme de propriété intellectuelle sur le vivant.

E  –  Une fiscalité agroécologique financera la généralisation de l’agroécologie paysanne aux différents échelons territoriaux, de la commune jusqu’à l’Europe.

Elle sera prélevée sur les facteurs de production exogènes polluants (pesticides…) et à économiser (terre, énergie, eau), sans pénaliser les revenus du travail.

 

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