Reprendre en main la finance

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Constat

Notre société et la nature sont passées sous l’emprise de la finance. Cette domination s’exerce par des acteurs (investisseurs, banquiers) dont le poids politique est devenu considérable, imposant une logique de rentabilité financière à court terme, source d’inégalités et de ruine de la planète. Leurs armes sont la prédation, le contournement des règles, la spéculation et l’évasion fiscale.

Les principales dimensions de notre vie économique, sociale et culturelle – production, consommation, logement – sont dominées par cette logique mortifère. Le pouvoir de la finance s’exerce par le chantage à la délocalisation du capital, les pressions sur les acteurs endettés privés et publics, la collusion entre lobbies et autorités publiques supposées défendre l’intérêt général, ou la capacité à transformer les biens communs en biens économiques privés. Ce capitalisme financiarisé et mondialisé, aujourd’hui au bord de l’effondrement, détruit les institutions sociales et politiques protectrices des sociétés et de la planète. Il remet en cause la démocratie et les droits fondamentaux, et relègue au rang de marchandises le travail et la nature. Il doit être combattu sans concession.

Cap à prendre

Les acteurs de la société doivent d’urgence s’organiser afin de mettre la finance au service de l’intérêt général et arrêter le financement d’activités économiques destructrices de l’emploi et du climat. La priorité doit être donnée au financement de projets locaux et globaux permettant de réorienter et relocaliser les activités, de créer des emplois et de promouvoir un développement soutenable, juste et démocratique. Toutes les formes d’actions démocratiques et non violentes doivent être mises en œuvre pour créer un rap- port de force en faveur des “99 %”, l’immense majorité opposée à l’oligarchie, et orienter les investissements vers la transition écologique et la cohésion sociale.

Cette rupture avec l’ordre financier existant emprunte trois chemins complémentaires :

  • désarmer les marchés en réintroduisant une régulation publique forte ;
  • favoriser la mise en place d’un contrôle social sur les acteurs de la finance par une remise en cause du pouvoir des actionnaires ;
  • enfin, multiplier les expériences de finance alternative pour montrer que celles-ci peuvent être mises en œuvre dès maintenant.

Actions immédiates

A  –  Reprendre le contrôle de la dette

Restaurer la souveraineté de l’État sur sa dette face aux marchés financiers par une restructuration de celle-ci sur la base d’audits publics et citoyens, par une fiscalité réformée et par un refinancement de la Banque centrale européenne (BCE).

B  –  Justice fiscale

Instaurer une fiscalité progressive sur les détenteurs des hauts revenus et du capital financier, s’attaquer à la concurrence fiscale à l’échelle européenne et internationale, sanctionner l’évasion fiscale des personnes physiques et morales ayant le statut de résidents.

C – Lutte contre la spéculation

Mettre en place une taxe sur l’ensemble des transactions financières pour dissuader la spéculation, interdire le trading à haute fréquence et tous les instruments financiers (notamment les produits dérivés) qui alimentent la spéculation, mettre fin à l’activité des acteurs dont l’objet est la spéculation (fonds spéculatifs, fonds vautours).

D – Des banques au service de la société

Imposer à nouveau une séparation stricte des banques de détail et des banques d’investissement, instaurer un contrôle social sur les banques, favoriser la création de banques locales et d’une grande banque publique de développement nécessaires au financement de la transition sociale et écologique.

E – Faire de la monnaie un bien public

Créer les conditions du développement des monnaies locales complémentaires et d’une refondation de l’euro, notamment par une mise sous contrôle démocratique de la BCE.

 

 

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