Les Jours Heureux – C.N.R. – 15 mars 1944

1Úre Partie : Le Conseil National de la Résistance

2Úme Partie : Le Programme « Les Jours Heureux » du C.N.R.
…….I – PLAN D’ACTION IMMÉDIATE
…….II – MESURES À APPLIQUER DÈS LA LIBÉRATION DU TERRITOIRE

 


 

1Ăšre Partie :

LE CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE

Le CNR se rĂ©unit pour la premiĂšre fois le 27 mai 1943, clandestinement, dans un appartement parisien, sous la prĂ©sidence de Jean Moulin, reprĂ©sentant en France occupĂ©e du GĂ©nĂ©ral de Gaulle (installĂ© Ă  Londres puis Ă  Alger comme chef de la France libre). Jean Moulin sera arrĂȘtĂ© par les nazis en juin de la mĂȘme annĂ©e. Lui ont succĂ©dĂ© Georges Bidault, dĂ©mocrate chrĂ©tien, puis, Ă  la LibĂ©ration, le 15 septembre 1944, Louis Saillant, CGT.

Le CNR regroupait :

- huit mouvements de RÉSISTANCE intĂ©rieure :

  • « Combat »,
  • « LibĂ©ration zone Nord »,
  • « LibĂ©ration (Sud) »,
  • « Francs-tireurs partisans (FTP) »,
  • « Front national » (rien Ă  voir avec le Front national actuel),
  • « Organisation civile et militaire » (OCM),
  • « Ceux de la RĂ©sistance » (CDLR),
  • « Ceux de la LibĂ©ration » (CDLL),

- les deux grandes confĂ©dĂ©rations syndicales de l’époque :

  • CGT (rĂ©unifiĂ©e) et
  • CFTC,

- six représentants des principaux partis politiques reconnaissant la France Libre, dont

  • le parti communiste,
  • le parti socialiste,
  • les radicaux,
  • la droite rĂ©publicaine et
  • les dĂ©mocrates-chrĂ©tiens.

Le CNR a dĂ©fini son programme prĂ©visionnel pour la LibĂ©ration le 15 mars 1944. Comme vous pourrez le constater, on y trouve des objectifs d’une troublante actualitĂ©.

d’aprĂšs http://citoyens-resistants.fr/spip.php?article113


 

2Ăšme Partie :

C.N.R. 15 mars 1944

…….I – PLAN D’ACTION IMMÉDIATE
…….II – MESURES À APPLIQUER DÈS LA LIBÉRATION DU TERRITOIRE

 

LE PROGRAMME DU CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE
« LES JOURS HEUREUX »

NĂ©e de la volontĂ© ardente des Français de refuser la dĂ©faite, la RÉSISTANCE n’a pas d’autre raison d’ĂȘtre que la lutte quotidienne sans cesse intensifiĂ©e.

Cette mission de combat ne doit pas prendre fin Ă  la LibĂ©ration. Ce n’est, en effet, qu’en regroupant toutes ses forces autour des aspirations quasi unanimes de la Nation, que la France retrouvera son Ă©quilibre moral et social et redonnera au monde l’image de sa grandeur et la preuve de son unitĂ©.

Aussi les reprĂ©sentants des organisations de la RÉSISTANCE, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupĂ©s au sein du C.N.R. ,

dĂ©libĂ©rant en assemblĂ©e plĂ©niĂšre le 15 mars 1944, ont-ils dĂ©cidĂ© de s’unir sur le programme suivant, qui comporte Ă  la fois un plan d’action immĂ©diate contre l’oppresseur et les mesures destinĂ©es Ă  instaurer, dĂšs la LibĂ©ration du territoire, un ordre social plus juste.

I – PLAN D’ACTION IMMÉDIATE

Les reprĂ©sentants des organisations de RÉSISTANCE, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupĂ©s au sein du C.N.R.

Expriment leur angoisse devant la destruction physique de la Nation que l’oppresseur hitlĂ©rien poursuit avec l’aide des hommes de Vichy, par le pillage, par la suppression de toute production utile aux Français, par la famine organisĂ©e, par le maintien dans les camps d’un million de prisonniers, par la dĂ©portation d’ouvriers au nombre de plusieurs centaines de milliers, par l’emprisonnement de 300.000 Français et par l’exĂ©cution des patriotes les plus valeureux, dont dĂ©jĂ  plus de 50.000 sont tombĂ©s pour la France.

Ils proclament leur volontĂ© de dĂ©livrer la patrie en collaborant Ă©troitement aux opĂ©rations militaires que l’armĂ©e française et les armĂ©es alliĂ©es entreprendront sur le continent, mais aussi de hĂąter cette libĂ©ration, d’abrĂ©ger les souffrances de notre peuple, de sauver l’avenir de la France en intensifiant sans cesse et par tous les moyens la lutte contre l’envahisseur et ses agents, commencĂ©e dĂšs 1940.

Ils adjurent les gouvernements anglais et amĂ©ricain de ne pas dĂ©cevoir plus longtemps l’espoir et la confiance que la France, comme tous les peuples opprimĂ©s de l’Europe, a placĂ©s dans leur volontĂ© d’abattre l’Allemagne nazie, par le dĂ©clenchement d’opĂ©rations militaires de grande envergure qui assureront, aussi vite que possible, la libĂ©ration des territoires envahis et permettront ainsi aux Français qui sont sur notre sol de se joindre aux armĂ©es alliĂ©es pour l’épreuve dĂ©cisive.

Ils insistent auprĂšs du ComitĂ© Français de la LibĂ©ration Nationale pour qu’il mette tout en oeuvre afin d’obtenir les armes nĂ©cessaires et de les mettre Ă  la disposition des patriotes. Ils constatent que les Français qui ont su organiser la RÉSISTANCE ne veulent pas et d’ailleurs ne peuvent pas se contenter d’une attitude passive dans l’attente d’une aide extĂ©rieure, mais qu’ils veulent faire la guerre, qu’ils veulent et qu’ils doivent dĂ©velopper leur RÉSISTANCE armĂ©e contre l’envahisseur et contre l’oppresseur.

Ils constatent, en outre, que la RÉSISTANCE Française doit ou se battre ou disparaĂźtre ; qu’aprĂšs avoir agi de façon dĂ©fensive, elle a pris maintenant un caractĂšre offensif et que seuls le dĂ©veloppement et la gĂ©nĂ©ralisation de l’offensive des Français contre l’ennemi lui permettront de subsister et de vaincre.

Ils constatent enfin que la multiplication des grĂšves, l’ampleur des arrĂȘts de travail le 11 Novembre qui, dans beaucoup de cas, ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s dans l’union des patrons et des ouvriers, l’échec infligĂ© au plan de dĂ©portation des jeunes français en Allemagne, le magnifique combat que mĂšnent tous les jours, avec l’appui des populations, dans les Alpes, dans le Massif Central, dans les PyrĂ©nĂ©es et dans les CĂ©vennes, les jeunes Français des maquis, avant garde de l’armĂ©e de la LibĂ©ration, dĂ©montrent avec Ă©clat que notre peuple est tout entier engagĂ© dans la lutte et qu’il doit poursuivre et accroĂźtre cette lutte.

En consĂ©quence, les reprĂ©sentants des organisations de RÉSISTANCE, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupĂ©s au sein du C.N.R.

DĂ©clarent que c’est seulement par l’organisation, l’intensification de la lutte menĂ©e par les forces armĂ©es, par les organisations constituĂ©es, par les masses, que pourra ĂȘtre rĂ©alisĂ©e l’union vĂ©ritable de toutes les forces patriotiques pour la rĂ©alisation de la libĂ©ration nationale insĂ©parable, comme l’a dit le GĂ©nĂ©ral De Gaulle, de l’insurrection nationale qui, ainsi prĂ©parĂ©e, sera dirigĂ©e par le C.N.R, sous l’autoritĂ© du C.F.L.N, dĂšs que les circonstances politiques et militaires permettront d’assurer, mĂȘme au prix de lourds sacrifices, son succĂšs.

Ils ont l’espoir que les opĂ©rations de la LibĂ©ration du pays, prĂ©vues par le plan de l’état major interalliĂ©, pourront ainsi ĂȘtre, le cas Ă©chĂ©ant, avancĂ©es grĂące Ă  l’aide apportĂ©e par les Français dans la lutte engagĂ©e contre l’ennemi commun, ainsi que l’a dĂ©montrĂ© l’exemple glorieux des patriotes corses.

Ils affirment solennellement que la France qui, malgrĂ© l’armistice, a poursuivi sans trĂȘve la guerre, entend plus que jamais dĂ©velopper la lutte pour participer Ă  la libĂ©ration et Ă  la victoire.

Pour mobiliser les ressources immenses d’énergie du peuple français, pour les diriger vers l’action salvatrice dans l’union de toutes les volontĂ©s, le C.N.R dĂ©cide :

D’inviter les responsables des organisations dĂ©jĂ  existantes Ă  former des comitĂ©s de villes et de villages, d’entreprises, par la coordination des formations qui existent actuellement, par la formation de comitĂ©s lĂ  oĂč rien n’existe encore et Ă  enrĂŽler les patriotes non organisĂ©s.

Tous ces comitĂ©s seront placĂ©s sous la direction des comitĂ©s dĂ©partementaux de la libĂ©ration (C.D.L). Ils seront soumis Ă  l’autoritĂ© des C.D.L qui leur transmettront, comme directives, la plate-forme d’action et la ligne politique dĂ©terminĂ©e par le C.N.R.

Le but des ces comitĂ©s sera, Ă  l’échelon communal, local et d’entreprise, de faire participer de façon effective tous les Français Ă  la lutte contre l’ennemi et contre ses agents de Vichy, aussi bien par la solidaritĂ© et l’assistance active Ă  l’égard des patriotes sous l’impulsion et le soutien donnĂ©s aux revendications vitales de notre peuple. Par dessus tout, leur tĂąche essentielle sera de mobiliser et d’entraĂźner les Français qu’ils auront su grouper Ă  l’action armĂ©e pour la LibĂ©ration.

Ces comitĂ©s devront, selon les circonstances et en se conformant aux instructions donnĂ©es par les C.D.L, appuyer et guider toutes les actions menĂ©es par les Français contre toutes les formes d’oppression et d’exploitation imposĂ©es par l’ennemi, de l’extĂ©rieur et de l’intĂ©rieur.

Ces comités devront :

1) DĂ©velopper la lutte contre la dĂ©portation et aider les rĂ©fractaires Ă  se cacher, Ă  se nourrir, Ă  se vĂȘtir et Ă  se dĂ©fendre, enlevant ainsi des forces Ă  l’ennemi et augmentant le potentiel humain de la RÉSISTANCE ;

2) Traquer et punir les agents de la Gestapo et de la Milice de DARNAND ainsi que les mouchards et les traĂźtres ;

3) DĂ©velopper l’esprit de lutte effective en vue de la rĂ©pression des nazis et des fascistes français ;

4) DĂ©velopper, d’une part, la solidaritĂ© envers les emprisonnĂ©s et dĂ©portĂ©s ; d’autre part, la solidaritĂ© envers les familles de toutes les victimes de la terreur hitlĂ©rienne et vichyssoise ;

5) En accord avec les organisations syndicales rĂ©sistantes, combattre pour la vie et la santĂ© des Français pour une lutte quotidienne et incessante, par des pĂ©titions, des manifestations et des grĂšves, afin d’obtenir l’augmentation des salaires et traitements, bloquĂ©s par Vichy et les Allemands, et des rations alimentaires et attributions de produits de premiĂšre qualitĂ©, rĂ©duites par la rĂ©glementation de Vichy et les rĂ©quisitions de l’ennemi, de façon Ă  rendreĂ  la population un minimum de vital en matiĂšre d’alimentation, de chauffage et d’habillement ;

6) Défendre les conditions de vie des anciens combattants, des prisonniers,des femmes de prisonniers, en organisant la lutte pour toutes les revendications particuliÚres ;

7) Mener la lutte contre les rĂ©quisitions de produits agricoles, de matiĂšres premiĂšres et d’installations industrielles pour le compte de l’ennemi ; saboter et paralyser la production destinĂ©e Ă  l’ennemi et ses transports par routes, par fer et par eau ;

8) DĂ©fendre Ă  l’intĂ©rieur de la corporation agricole les producteurs contre les prĂ©lĂšvements excessifs, contre les taxes insuffisantes, et lutter pour le remplacement des syndicats Ă  la solde de Vichy et de l’Allemagne par des paysans dĂ©vouĂ©s Ă  la cause de la paysannerie française.

Tout en luttant de cette façon et grĂące Ă  l’appui de solidaritĂ© et de combativitĂ© que dĂ©veloppe cette lutte, les comitĂ©s de villes, de villages et d’entreprises devront en outre :

a) Renforcer les organisations armĂ©es des Forces Françaises de l’IntĂ©rieur par l’accroissement des groupes de patriotes : groupes francs, francs-tireurs et partisans, recrutĂ©s en particulier parmi les rĂ©fractaires ;

b) En accord avec les Ă©tats majors nationaux, rĂ©gionaux et dĂ©partementaux des F.F.I, organisĂ©es milices patriotiques dans les villes, les campagnes et les entreprises, dont l’encadrement sera facilitĂ© par des ingĂ©nieurs, techniciens, instituteurs, fonctionnaires et cadres de rĂ©serve, et qui sont destinĂ©s Ă  dĂ©fendre l’ordre public, la vie et les biens des Français contre la terreur et la provocation, assurer et maintenir l’établissement effectif de l’autoritĂ© des ComitĂ©s dĂ©partementaux de la LibĂ©ration sur tout ce qui aura Ă©tĂ© ou sera créé dans ce domaine pour le strict rattachement aux F.F.I dont l’autoritĂ© et la discipline doivent ĂȘtre respectĂ©es par tous.

Pour assurer la pleine efficacitĂ© des mesures Ă©noncĂ©es ci-dessus, le C.N.R prescrit de l’état major national des Forces Françaises de l’IntĂ©rieur, tout en prĂ©parant minutieusement la coopĂ©ration avec les AlliĂ©s en cas de dĂ©barquement, doit :

1) Donner ordre Ă  toutes les formations des F.F.I de combattre dĂšs maintenant l’ennemi en harcelant ses troupes, en paralysant ses transports, ses communications et ses productions de guerre, en capturant ses dĂ©pĂŽts d’armes et de munitions afin d’en pourvoir les patriotes encore dĂ©sarmĂ©s ;

2) Faire distribuer les dĂ©pĂŽts d’armes encore inutilisĂ©s aux formations jugĂ©es par lui les plus aptes Ă  se battre utilement dĂšs Ă  prĂ©sent et dans l’avenir immĂ©diat ;

3) Organiser de façon rationnelle la lutte suivant un plan Ă©tabli avec les autoritĂ©s compĂ©tentes Ă  l’échelon rĂ©gional, dĂ©partemental ou local, pour obtenir le maximum d’efficacitĂ© ;

4) Coordonner l’action militaire avec l’action de RÉSISTANCE de la masse de la nation en proposant pour but aux organisations rĂ©gionales paramilitaires d’appuyer et de protĂ©ger les manifestations patriotiques, les mouvements revendicatifs des femmes de prisonniers, des paysans et des ouvriers contre la police hitlĂ©rienne, d’empĂȘcher les rĂ©quisitions de vivres et d’installations industrielles, les rafles organisĂ©es contre les rĂ©fractaires et les ouvriers en grĂšve et dĂ©fendre la vie et la libertĂ© de tous les Français contre la barbare oppression de l’occupant provisoire.

Ainsi, par l’application des dĂ©cisions du prĂ©sent programme d’action commune, se fera, dans l’action, l’union Ă©troite de tous les patriotes, sans distinction d’opinions politiques, philosophiques ou religieuses. Ainsi se constituera dans la lutte une armĂ©e expĂ©rimentĂ©e, rompue au combat, dirigĂ©e par des cadres Ă©prouvĂ©s devant le danger, une armĂ©e capable de jouer son rĂŽle lorsque les conditions de l’insurrection nationale seront rĂ©alisĂ©es, armĂ©e qui Ă©largira progressivement ses objectifs et son armement.

Ainsi, par l’effort et les sacrifices de tous, sera avancĂ©e l’heure de la libĂ©ration du territoire national ; ainsi la vie de milliers de Français pourra ĂȘtre sauvĂ©e et d’immenses richesses pourront ĂȘtre prĂ©servĂ©es.

Ainsi dans le combat se forgera une France plus pure et plus forte capable d’entreprendre au lendemain de la libĂ©ration la plus grande oeuvre de reconstruction et de rĂ©novation de la patrie.

II – MESURES À APPLIQUER DÈS LA LIBÉRATION DU TERRITOIRE

Unis quant au but Ă  atteindre, unis quant aux moyens Ă  mettre en oeuvre pour atteindre ce but qui est la LibĂ©ration rapide du territoire, les reprĂ©sentants des mouvements, groupements, partis ou tendances politiques, groupĂ©s au sein du C.N.R. proclament qu’ils sont dĂ©cidĂ©s Ă  rester unis aprĂšs la LibĂ©ration :

1 ) Afin d’établir le gouvernement provisoire de la RĂ©publique formĂ© par le GĂ©nĂ©ral de Gaulle pour dĂ©fendre l’indĂ©pendance politique et Ă©conomique de la nation, rĂ©tablir la France dans sa puissance, dans sa grandeur et dans sa mission universelle ;

2 ) Afin de veiller au chĂątiment des traĂźtres et Ă  l’éviction dans le domaine de l’administration et de la vie professionnelle de tous ceux qui auront pactisĂ© avec l’ennemi ou qui se seront associĂ©s activement Ă  la politique des gouvernements de collaboration ;

3 ) Afin d’exiger la confiscation des biens des traĂźtres et des trafiquants de marchĂ© noir, l’établissement d’un impĂŽt progressif sur les bĂ©nĂ©fices de guerre et plus gĂ©nĂ©ralement sur les gains rĂ©alisĂ©s au dĂ©triment du peuple et de la nation pendant la pĂ©riode d’occupation, ainsi que la confiscation de tous les biens ennemis y compris les participations acquises depuis l’armistice par les gouvernements de l’Axe et par leurs ressortissants dans les entreprises françaises et coloniales de tout ordre, avec constitution de ces participations en patrimoine national inaliĂ©nable ;

4 ) Afin d’assurer :

- l’établissement de la dĂ©mocratie la plus large en rendant la parole au peuple français par le rĂ©tablissement du suffrage universel ;
- la pleine libertĂ© de pensĂ©e, de conscience et d’expression ;
- la libertĂ© de la presse, son honneur et son indĂ©pendance Ă  l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences Ă©trangĂšres ;
- la libertĂ© d’association, de rĂ©union et de manifestation ;
- l’inviolabilitĂ© du domicile et le secret de la correspondance ;
- le respect de la personne humaine ;
- l’égalitĂ© absolue de tous les citoyens devant la loi ;

5) Afin de promouvoir les réformes indispensables :

a) Sur le plan économique :

‱ l’instauration d’une vĂ©ritable dĂ©mocratie Ă©conomique et sociale, impliquant l’éviction des grandes fĂ©odalitĂ©s Ă©conomiques et financiĂšres de la direction de l’économie ;
‱ une organisation rationnelle de l’économie assurant la subordination des intĂ©rĂȘts particuliers Ă  l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et affranchie de la dictature professionnelle instaurĂ©e Ă  l’image des États fascistes ;
‱ l’intensification de la production nationale selon les lignes d’un plan arrĂȘtĂ© par l’État aprĂšs consultation des reprĂ©sentants de tous les Ă©lĂ©ments de cette production ;
‱ le retour Ă  la nation des grands moyens de production monopolisĂ©s, fruit du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques ;
‱ Le dĂ©veloppement et le soutien des coopĂ©ratives de production, d’achats et de ventes, agricoles et artisanales ;
‱ Le droit d’accĂšs, dans le cadre de l’entreprise, aux fonctions de direction et d’administration, pour les ouvriers possĂ©dant les qualifications nĂ©cessaires, et la participation des travailleurs Ă  la direction de l’économie.

b) Sur le plan social :

‱ le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rĂ©tablissement et l’amĂ©lioration du rĂ©gime contractuel du travail.
‱ un rajustement important des salaires et la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure Ă  chaque travailleur et Ă  sa famille la sĂ©curitĂ©, la dignitĂ© et la possibilitĂ© d’une vie pleinement humaine.
‱ la garantie du pouvoir d’achat national par une politique tendant Ă  la stabilitĂ© de la monnaie ;
‱ la reconstitution, dans ses libertĂ©s traditionnelles, d’un syndicalisme indĂ©pendant, dotĂ© de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie Ă©conomique et sociale ;
‱ un plan complet de sĂ©curitĂ© sociale, visant Ă  assurer Ă  tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas oĂč ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux reprĂ©sentants des intĂ©ressĂ©s et de l’État ;
‱ la sĂ©curitĂ© de l’emploi, la rĂ©glementation des conditions d’embauchage et de licenciement, le rĂ©tablissement des dĂ©lĂ©guĂ©s d’atelier ;
‱ l’élĂ©vation et la sĂ©curitĂ© du niveau de vie des travailleurs de la terre par une politique de prix agricoles rĂ©munĂ©rateurs, amĂ©liorant et gĂ©nĂ©ralisant l’expĂ©rience de l’Office du blĂ©, par une lĂ©gislation sociale accordant aux salariĂ©s agricoles les mĂȘmes droits qu’aux salariĂ©s de l’industrie, par un systĂšme d’assurance contre les calamitĂ©s agricoles, par l’établissement d’un juste statut du fermage et du mĂ©tayage, par des facilitĂ©s d’accession Ă  la propriĂ©tĂ© pour les jeunes familles paysannes et par la rĂ©alisation d’un plan d’équipement rural ;
‱ une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ;
‱ le dĂ©dommagement des sinistrĂ©s et des allocations et pensions pour les victimes de la terreur fasciste.

c) Une extension des droits politiques, sociaux et économiques des populations indigÚnes et coloniales.

d) La possibilitĂ© effective pour tous les enfants français de bĂ©nĂ©ficier de l’instruction et d’accĂ©der Ă  la culture la plus dĂ©veloppĂ©e quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient rĂ©ellement accessibles Ă  tous ceux qui auront les capacitĂ©s requises pour les exercer et que soit ainsi promue une Ă©lite vĂ©ritable, non de naissance mais de mĂ©rite, et constamment renouvelĂ©e par les apports populaires.

Ainsi sera fondĂ©e une RĂ©publique nouvelle qui balaiera le rĂ©gime de basse rĂ©action instaurĂ© par Vichy et qui rendra aux institutions dĂ©mocratiques et populaires l’efficacitĂ© que leur avaient fait perdre les entreprises de corruption et de trahison qui ont prĂ©cĂ©dĂ© la capitulation. Ainsi sera rendue possible une dĂ©mocratie qui unisse au contrĂŽle effectif exercĂ© par les Ă©lus du peuple la continuitĂ© de l’action gouvernementale.

L’union des reprĂ©sentants de la RÉSISTANCE pour l’action dans le prĂ©sent et dans l’avenir, dans l’intĂ©rĂȘt supĂ©rieur de la patrie, doit ĂȘtre pour tous les Français un gage de confiance et un stimulant. Elle doit les inciter Ă  Ă©liminer tout esprit de particularisme, tout ferment de division qui pourraient freiner leur action et ne servir que l’ennemi.

En avant donc, dans l’union de tous les Français rassemblĂ©s autour du C.F.L.N et de son prĂ©sident, le gĂ©nĂ©ral De Gaulle !

En avant pour le combat, en avant pour la victoire, afin que VIVE LA FRANCE !

LE CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE