Partager le travail

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Constat

Le chômage est depuis longtemps la préoccupation numéro un des Français. Plus de 6 millions de personnes1 sont aujourd’hui inscrites à Pôle emploi (en catégories de A à E). Cette épreuve est synonyme de difficultés financières, d’une angoisse quotidienne, d’un sentiment d’inutilité. Elle impacte la famille et l’entourage.

Ce chômage de masse favorise la stagnation des salaires et la dégradation des conditions de travail, car il est plus difficile de négocier lorsque tant de personnes cherchent un emploi. De plus, quand autant de ménages manquent de revenus et de visibilité, l’activité est ralentie, l’investissement découragé et les déficits se creusent.

Les médias relaient l’idée que certains pays voisins, dont il faudrait s’inspirer, seraient “proches du plein emploi”. Certes, leur taux de chômage officiel est de l’ordre de 5 % quand le nôtre avoisine les 10 %. Mais dans tous ces pays, sans aucune exception, il y a beaucoup plus de temps partiel, de petits boulots, de précarité et de travailleurs pauvres. Aux États-Unis, le président de Gallup a même évoqué un “grand mensonge” à propos du faible taux de chômage américain. Ce constat balaye la croyance qui voudrait que notre salut passe par moins de cotisations sociales et d’impôts pour les entreprises, et moins de protection pour les salariés, via le démantèlement du droit du travail.

Cap à prendre

Une double révolution technologique est en cours, l’automatisation et le numérique : robots, machines, logiciels, algorithmes diminuent la quantité de travail humain nécessaire dans un grand nombre de secteurs. Largement négligée par les dirigeants actuels, elle ne permet plus de donner un travail à temps plein à la population active.

Mais il existe bien d’autres raisons de diminuer la durée normale de travail pour tous afin de travailler mieux, de réduire l’intensité du travail aujourd’hui, de promouvoir l’égalité entre hommes et femmes, de permettre une meilleure vie familiale et une participation accrue à la vie politique locale, nationale et à la vitalité associative. Vivre tout simplement mieux !

Or, aujourd’hui, on nous oblige à choisir entre un taux de 10 % de chômeurs ou des mini-jobs mal payés. Ce “partage” n’est ni juste, ni efficace, ni durable. Il est urgent de répartir autrement le travail. Au partage sauvage, nous voulons substituer un partage civilisé. L’objectif est que tous les Français qui le souhaitent puissent accéder à un emploi leur permettant de vivre dignement.

Au cours du xxe siècle, le législateur a adapté la durée du travail au progrès technique et à des exigences sociales. C’est ce mouvement historique que nous voulons reprendre. L’enjeu est de taille : créer environ un million d’emplois par un meilleur partage.

Actions immédiates

A  –  Une loi permettra aux entreprises d’embaucher en réduisant le temps de travail sans surcoût.

Ainsi, toute entreprise réduisant son temps de travail d’au moins 10 % et embauchant au moins 10 % de salariés bénéficiera de baisses de cotisations et d’aides, de telle sorte que cela ne lui coûtera rien.

Ce dispositif est neutre pour l’État : il déplace de l’argent qui aurait de toute façon été dépensé pour accompagner l’inactivité (le coût public du chômage dépasse 100 milliards d’euros par an) vers des emplois qui sont créés de manière certaine et génèrent de l’activité économique et des recettes pour l’État.

B  –  Cette première loi sera destinée à des entreprises volontaires, mais fortement incitées.

Les Français pourront ensuite se prononcer par référendum sur une généralisation négociée de la mesure.

C  –  Un programme national de requalification- formation accompagnera le processus.

Ressources

Sur le partage du temps de travail :

Partage du travail : Pierre Larrouturou et Dominique Méda repartent au combat

 

Références

  1. Le nombre total d’inscrits à Pole Emploi dans les catégories A à E était en août  2016 de 6 099 550 en données brutes, et uniquement pour la France Métropolitaine.  (source : http://stmt.pole-emploi.org/publication)