Accueillir dignement les migrants

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Un monde sans migrants est un monde irréel. Dites-nous quelle est la situation des migrants dans votre société et nous pourrons vous dire dans quelle société vous êtes…

Alors que les pays les plus développés (Australie, Canada, Corée du Sud, États-Unis d’Amérique, Japon, Nouvelle-Zélande et Union européenne) concentrent près de 73 % des richesses mondiales et permettent à leurs ressortissants, qui ne représentent que 17 % de la population mondiale, de circuler librement (la plupart du temps sans visa), les autres États dans le monde se partagent les miettes de la mondialisation. Dans ces États, guerres, crises économiques et/ou passages d’un régime dictatorial à un autre entraînent des exodes parfois massifs. Mais ces migrations ne se dirigent pas majoritairement vers les pays développés. En 2015, la Jordanie, le Liban et la Turquie accueillaient dix fois plus de réfugiés syriens que les 28 États membres de l’Union européenne qui ne cessent de verrouiller leurs frontières. Or les idéologies sécuritaires construisent l’intolérance et mettent en danger de nombreux migrants ainsi que les libertés et la démocratie.

Depuis 2000, plus de 30 000 migrants sont morts aux frontières de l’Union européenne. Sans nier les dangers qui guettent nos sociétés, l’instrumentalisation du terrorisme à des fins de renforcement des contrôles migratoires accroît le racisme et la xénophobie. De plus en plus de migrants peuplent les prisons, camps et centres de rétention administrative dans le monde, dans un apartheid planétaire qui menace toutes les sociétés humaines.

Cap à prendre

En France comme ailleurs, “là où croît le danger, croît aussi ce qui sauve” (Friedrich Hölderlin). Pour le dire autrement, les interventions humanitaires à Calais, Paris ou dans les territoires d’outre- mer, voire aux frontières de l’Union européenne, ne cessent de colmater les dégâts de la montée des formes répressives du pouvoir qui s’attaquent aux étrangers. Et ces politiques ne frappent pas seulement les populations migrantes, elles fragilisent également les multiples actions d’hospitalité et d’entraide locale mises en place par des organisations et des élus, montrant que des alternatives sont possibles.

Les batailles à mener portent sur les valeurs, particulièrement sur l’égalité entre les femmes, les hommes et les enfants. La dignité des personnes que les États accueillent doit être le fondement de toute politique migratoire. Les migrants doivent être reconnus comme des acteurs de la transformation des sociétés de départ et d’accueil, voire des régions par lesquelles ils transitent ; le respect de leurs droits qui s’inscrit dans le cadre du respect des droits de tous doit être établi sur des principes d’égalité et non sur des questions d’ordre public.

Actions immédiates

A – Au vu des transferts de fonds envoyés par les migrants à leur famille, qui sont trois fois supérieurs à l’aide publique internationale au développement, les rapports entre migrations et développement doivent être réexaminés.

Les accords économiques entre pays ne peuvent pas servir de chantage pour le contrôle des migrations.

B – La lutte contre toutes les formes de discrimination, de racisme et de xénophobie doit être au fondement des politiques publiques. La citoyenneté de résidence implique l’élargissement aux migrants du droit de vote aux élections locales.

C – Revendiquer, au nom du principe d’égalité, la liberté d’aller, de venir et de s’installer pour tous et pour toutes, constitue l’indispensable corollaire de la défense des droits des migrants, et demeure un outil de changement social au profit d’un modèle de société plus juste et plus équitable.

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