La transition énergétique est une chance

Auteurs

Constat

Toutes les études le prouvent : les émissions de gaz à effet de serre liées à notre consommation effrénée d’énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) provoquent une élévation de la température moyenne du globe à une vitesse jamais observée dans l’histoire de l’humanité.

Dans le même temps, les gaspillages d’énergie sont colossaux, estimés à plus de 60 % de la consommation  mondiale.

La France, contrairement au discours officiel, est loin d’être irréprochable. Le transport des personnes et des marchandises, par exemple, dépend à 98 % des produits pétroliers.

Quant au nucléaire, qui produit près de 80 % de notre électricité, il n’est pas une réponse acceptable : hypercentralisé, de plus en plus cher, il comporte des risques aux conséquences incalculables et pro- duit des déchets hautement toxiques dont nos descendants subiront l’héritage durant des millénaires.

Cap à prendre

Sans modification radicale à court terme de notre système énergétique, des bouleversements climatiques et géopolitiques aux effets dramatiques sont inéluctables.

Nous n’avons pas le choix : il faut réduire aussi rapidement que possible nos émissions de gaz à effet de serre, laisser dans le sous-sol plus de 80 % des réserves fossiles (charbon, pétrole, gaz), et adapter nos lieux et modes de vie à la nouvelle donne climatique.

La priorité doit aller aux économies d’énergie : grâce à la sobriété et à l’efficacité, nous pouvons diviser par 2 à 3 notre consommation.

Il nous faut rompre en même temps avec les énergies du passé, tant fossiles que nucléaire, pour entrer résolument dans l’ère du “100 % énergies renouvelables”. Cet objectif est désormais accessible grâce aux progrès décisifs des technologies solaires, éoliennes, hydrauliques et marines, mais aussi aux bioénergies (bois, biogaz, biodéchets). La France a la chance de disposer de toutes ces sources d’énergie : sachons les utiliser tout en respectant des critères de soutenabilité, notamment pour la biodiversité, autre pilier essentiel de la vie sur Terre. Pour y parvenir, il faut mesurer – on gaspille le plus souvent par ignorance –, sensibiliser et informer, mettre en place des outils de participation, réorienter la recherche vers les filières de demain, for- mer massivement aux nouveaux métiers et faciliter les transitions professionnelles. Enfin, un effort particulier de solidarité doit garantir à tous l’accès aux services énergétiques de base : se chauffer, s’éclairer, se déplacer. La lutte contre la précarité aussi est un objectif majeur de la transition énergétique !

Actions immédiates

A  –  Quantifier et adopter un scénario énergétique pour 2050

Fixer pour tous les usages de l’énergie (chaleur, électricité et mobilité) des objectifs de long terme (la boussole), définir une trajectoire cohérente (la feuille de route) et s’y tenir (le suivi).

B  –  Éliminer toutes les consommations inutiles

Rénover 750 000 logements par an au niveau basse consommation, en mettant en place une obligation sélective de rénovation, en particulier pour les ménages précaires, accompagnée d’aides techniques et financières.

Aligner la réglementation concernant les appareils, les équipements et les véhicules sur les meilleures technologies disponibles, puis la faire appliquer et contrôler par des organismes indépendants.

C  –  Sortir totalement du nucléaire et du fossile pour aller vers les 100 % d’énergies renouvelables.

Engager un désinvestissement complet, rapide et programmé de toutes les sources d’énergies polluantes et épuisables qui nous mettent sous dépendance : pétrole, charbon, gaz fossile et uranium.

Fermer les centrales nucléaires au plus tard à quarante ans d’activité et ne pas en construire de nouvelles.

Atteindre 100 % d’énergies renouvelables pour tous les usages en 2050, ce qui implique d’inverser la logique actuelle : l’utilisation des énergies renouvelables doit devenir la règle commune, et non l’exception.

D  –  Conjuguer développement des territoires, solidarité et planification énergétique

Faire des territoires les pivots de la transition énergétique en commençant par leur redonner la gouvernance des réseaux d’électricité, de gaz et de chaleur.

Libérer les initiatives, l’autonomie et la participation des citoyens, des collectivités et des entre- prises, en particulier en favorisant l’investissement local dans la maîtrise et la production d’énergie.

Sensibiliser, informer, accompagner et former tous les acteurs à travers la mise en place d’un service public local de la transition énergétique.

E  –  Réorienter la fiscalité sur l’énergie de manière juste et efficace

Transférer une partie de la fiscalité existante vers une contribution assise pour chaque filière sur la consommation d’énergie primaire non renouvelable, sur l’efficacité “du berceau à la tombe” (c’est-à-dire à toutes les étapes de la vie d’un produit, de sa naissance à la fin de sa vie) et sur les impacts environnementaux et sanitaires.

 

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