Vers l’économie circulaire et le zéro déchet

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Constat

En moins de deux siècles, nous aurons réussi à brûler les molécules d’une matière première exceptionnelle, le pétrole, que la nature a mis 200 millions d’années à lentement fabriquer. Nous extrayons du sous-sol toujours plus de métaux et de terres rares non substituables, employés sans souci du recyclage et avec des pertes considérables. Sur-utilisées, les réserves mondiales d’eau potable s’amenuisent, sources polluées des conflits de demain. Au Sud, à Madagascar, à Bornéo, en Amazonie, mais aussi au Nord avec les sables bitumineux de l’Alberta, des territoires entiers deviennent des “zones de sacrifices” destinées à alimenter en matières premières le Minotaure du productivisme. Notre croissance, ce mantra illusoire, est fondée sur cette surexploitation de ressources et son cortège de pollutions le plus souvent irréversibles. Ce que nous avons cru être du “développement” a outrepassé ses limites. Ces destructions s’amplifient d’année en année, épuisant et asphyxiant les sols, les réserves d’eau et l’atmosphère de notre bio- sphère, ce mince filet abritant toute vie sur Terre. Et nous n’avons pas de planète de rechange.

Cap à prendre

Il nous faut stopper cette fuite en avant irresponsable et suicidaire.

Avant tout, il convient de nous interroger sur notre surconsommation de biens matériels et de ressources. Avons-nous réellement besoin d’autant d’espaces artificialisés, d’extraire toutes ces matières premières, d’autant de biens et d’équipements ? Cette fièvre consommatrice nous rend-elle plus heureux, ou bien, comme toute addiction, insatisfaits, frustrés et finalement plus dépendants ?

Nous devons tout d’abord réapprendre la mesure face à la démesure, la sobriété choisie plutôt que l’illusoire ébriété, opter pour la décroissance des biens inutiles et renoncer à l’accumulation sans limites. Ce n’est pas qu’une question de comportement individuel : le choix de la sobriété s’exprime aussi dans l’organisation de nos sociétés et de nos modes de vie, dans les politiques d’aménagement, dans le juste dimensionnement et le co-usage des biens.

Il faut ensuite que chaque produit ou équipe- ment, chaque processus ou service fasse l’objet d’une écoconception pour :

  • faciliter la mutualisation et le partage ;
  • intégrer la flexibilité des usages (le réemploi et la réutilisation) ;
  • favoriser l’usage du bien et non sa propriété (l’économie de fonctionnalité) ;
  • limiter l’obsolescence (la réparabilité, la standardisation) ;
  • optimiser les possibilités de recyclage ;
  • valoriser enfin de façon efficace les déchets (séparation des composants le plus en amont possible).

Actions immédiates

A  –  Ne plus financer les entreprises extractives

Arrêt progressif mais total, sur dix ans, de toutes les subventions et les aides fiscales aux entreprises extrayant des matières premières non renouvelables, tant en France qu’à l’export.

B  –  Produire par écoconception en matériaux bio- sourcés

  • soutenir la recherche-développement visant à remplacer les matières premières par des matériaux d’origine biologique  (biosourcés) ;
  • consolider ces nouvelles filières par des mesures réglementaires visant à accroître le pourcentage de ces matériaux (ossature-bois, isolants naturels, produits de substitution de la pétrochimie et carbochimie) ;
  • afficher le contenu en matériaux biosourcés de tous les biens, objets et équipements.

C  –  Promouvoir l’économie circulaire

Promouvoir une écologie industrielle et territoriale mettant en pratique le principe de l’économie circulaire où les déchets des uns sont la matière première des autres, le cycle de vie de chaque produit allant du “berceau au berceau”.

D  –  Objectif zéro déchet, zéro gaspillage

  • généraliser les consignes des emballages, notamment du verre ;
  • instaurer une fiscalité sur les déchets réelle- ment incitatrice de comportements

E  –  La France, exemplaire et motrice

  • soutenir le renforcement des circulaires européennes sur les déchets ;
  • lancer une initiative visant à un accord plané- taire pour limiter l’extractivisme, s’appuyant sur des travaux scientifiques indépendants à l’instar, pour le climat, du GIEC (Groupe d’experts inter- gouvernemental sur l’évolution du climat) ou, pour la biodiversité, de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques).

Ressources