Reconnaître le métier d’herboriste

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Constat

De tout temps, des hommes et des femmes ont su reconnaître, cueillir, préparer les plantes médicinales pour soulager les maladies, remédier aux aléas de la vie quotidienne, soutenir leur vitalité et préserver la santé de la population.

Ainsi, depuis des siècles, les paysans herboristes ont pu proposer leurs “simples” sur les foires et les marchés. L’herboristerie officielle a existé de 1803 à la suppression du diplôme d’herboriste en 1941. Elle fut rayée d’un trait de plume dans le cadre de la “modernisation de la pharmacie française” qui fut en fait l’officialisation de son industrialisation et de sa financiarisation. La loi du 11 septembre 1941 a ainsi permis l’entrée des financiers dans le capital des entreprises pharmaceutiques, chose jus- qu’alors interdite.

La santé-business a depuis largement montré ses limites et ses dérives. Les plantes médicinales suscitent à nouveau un intérêt grandissant : il faut recréer un métier renouvelé, sûr et indépendant, allant de la plante jusqu’au consommateur.

Cap à prendre

L’herboriste, qu’il produise lui-même ou non ses plantes, doit être à même de les identifier afin d’éviter tout risque de confusion, d’évaluer la qualité écologique des lieux où elles poussent, de choisir des techniques optimales afin de ne pas menacer la pérennité de la ressource. Il doit savoir les préparer afin d’en faire des produits sûrs et consommables. Il doit connaître parfaitement les différentes formes de préparation des plantes médicinales aujourd’hui largement proposées au consommateur (tisanes, hydrolats, huiles essentielles, baumes et macérations). Il aura donc un rôle d’accompagnement et de conseil pour éclairer la population en matière de consommation de plantes médicinales.

Ce métier doit être aujourd’hui mieux reconnu et légalement encadré.

Actions immédiates

A  –  Préciser dans la loi le métier d’herboriste

L’herboriste est un professionnel du bien-être, l’acteur d’une prévention responsable. Il peut récolter et transformer les plantes médicinales dans le respect des règles de sécurité, d’hygiène et de protection de l’environnement. Il assure la vente et le conseil des plantes médicinales dans le respect de ces mêmes règles, en particulier au regard des risques liés à leur utilisation. Il doit être capable de mettre en garde ses clients vis-à-vis des limites de l’automédication et les encourager si nécessaire à consulter un médecin, car il n’établit jamais de diagnostic. Il a un rôle d’éducation et de prévention à l’hygiène de vie en matière de consommation de plantes médicinales.

Toute personne munie du diplôme d’herboriste pourra produire, vendre et conseiller pour usage médicinal toutes les plantes, parties de plantes, mélanges de plantes fraîches ou sèches à l’exception des plantes vénéneuses (décret du 5 février 2007 relatif aux substances vénéneuses) et des plantes à risque figurant sur la liste B de la pharmacopée française (article D. 4211-12 du Code de la santé publique). L’herboriste pourra exercer son activité à la ferme, dans une boutique, sur un marché, par le biais de la vente par correspondance. Il pourra garantir l’authenticité botanique, la qualité, la traçabilité des plantes qu’il vend et/ou produit. Il sera capable de sensibiliser le consommateur à la question de la préservation des ressources si ce dernier lui réclame des espèces rares ou protégées.

B  –  Qualifier la formation des herboristes

L’herboriste suivra un enseignement initial et continu et sera placé sous la tutelle d’une autorité indépendante qui réunira équitablement des représentants de l’ensemble de la filière. Le diplôme d’herboriste sera délivré par un établissement de formation agréé. Le programme sera défini par décret en Conseil d’État après élaboration par un groupe de travail composé de l’ensemble des acteurs de la filière.

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